
Aujourd’hui, on ouvre les portes d’un royaume où la nourriture n’est jamais un simple décor.
Un univers où un baiser peut naître d’une boulette de viande…
Où un dîner peut transformer une prison en bal enchanté…
Où une pomme peut sceller un destin…
Et où une fourchette devient, allez savoir pourquoi, un peigne.
Commençons par la doyenne : Blanche-Neige, 1937.
La Reine offre une pomme rouge, brillante, parfaite, et prononce cette phrase devenue culte :
« Une bouchée… et tes rêves deviendront réalité. »
Disney pose là un archétype : la nourriture comme tentation, danger, leurre visuel.
Le contraste est volontaire : la pomme symbolise la vie mais donne la mort.
Le restaurant Tony’s, la bougie, la musique, la table bancale installée dans une ruelle.
Un acte de galanterie canine, presque chevaleresque, rendu possible par la nourriture. La nourriture parle avant les mots. Elle crée la connivence.
Le dîner proposé à Belle devient un numéro musical entier : « Ma chère mademoiselle, c’est avec fierté que nous vous présentons… votre dîner ! »
Assiettes volantes, chandeliers dansants, gâteaux qui explosent en feux d’artifice culinaires. La nourriture est ici magique : elle danse, chante, séduit, rassure.
Elle devient un moyen d’intégrer Belle au château, de la mettre à l’aise, de lui dire : “Tu es ici chez toi.”
Dans La Petite Sirène (1989), l’une des scènes les plus intéressantes est celle du dîner chez Eric.
Ariel, devenue humaine, ne sait évidemment pas comment se comporter. Elle utilise la fourchette comme un peigne, elle souffle dans une pipe, elle tente de communiquer mais ne peut pas.
Tout ce dîner est une comédie de quiproquos. Mais surtout, il montre que partager un repas, c’est partager un code social. Elle découvre qu’un dîner peut séduire, mais aussi ridiculiser, exclure, embarrasser.