
La série Emily in Paris a suscité de nombreux commentaires sur sa représentation stéréotypée de la culture française.
Parmi les motifs les plus récurrents figure la mise en scène d’une gastronomie parisienne idéalisée : macarons pastel, croissants impeccablement dorés, terrasses ensoleillées.
Ces éléments culinaires ne servent pas seulement de décor : ils structurent la vision internationalisée d’un “Paris de carte postale”.
Dans Emily in Paris, la nourriture n’est pas traitée comme un savoir-faire, une pratique culturelle ou un objet patrimonial, mais comme un système de signes immédiatement reconnaissables pour un public international.
Les macarons Ladurée, par exemple, apparaissent à plusieurs reprises dès la saison 1. Ils ne sont pas mis en scène pour leurs qualités gustatives ou techniques, mais pour leur valeur iconique : couleur pastel, forme immédiatement identifiable, association quasi automatique avec un Paris “luxe et tradition”.
La série opère une désincarnation complète : la nourriture est décorative et non processuelle.
Exemple : dans la saison 2, les dîners gastronomiques chez Gabriel sont filmés comme des tableaux visuels. Mais aucune contextualisation n’est proposée sur son métier, ses contraintes, son apprentissage ou les réalités de la restauration parisienne.
On pourrait reprocher à la série son manque de réalisme, mais ce n’est pas son objectif. Emily in Paris construit un Paris-fiction, une version narrative et marketing destinée à produire :
Ce Paris-là est un espace stylisé où les pâtisseries sont parfaites, où les cafés sont toujours lumineux, et où la nourriture sert à produire un sentiment d’évasion. La série ne propose pas une analyse gastronomique de Paris : elle propose un mythe contemporain du Paris gastronomique.